mardi 9 juillet 2013

Joseph Cardijn (1882-1967)

Joseph Cardijn (1882-1967)
Le fondateur de la Jeunesse ouvrière chrétienne.

Né en Belgique à Schaerbeek1 1, Joseph Cardijn est le second d’une famille de quatre enfants. Ses parents sont de condition très modeste.
Révélant tout de suite une santé très fragile, le petit Joseph est envoyé à la campagne, à Halle2, d’où la famille est originaire. Peu de temps après, ses parents le rejoignent et ouvrent un commerce de charbon.
Après des études primaires à l’Institut Notre-Dame de Halle, Joseph exprime le désir de devenir prêtre. A l’âge de 12 ans, il entre au petit séminaire de Malines puis au grand séminaire de la même ville.
Issu d’un milieu populaire, il n’est pas encore prêtre qu’il décide de consacrer toute sa vie sacerdotale au service des ouvriers en vue d’améliorer leur condition de vie3. Lorsqu’il est ordonné prêtre en 1906, il est d’abord professeur à Basse-Wavre4, puis six ans après, il est nommé vicaire dans une paroisse ouvrière, à Laeken5 ; une ville industrielle où aucune réglementation protège les ouvriers6.
Du fait de son action pastorale auprès des jeunes travailleurs, l’abbé Cardijn est nommé, en 1915, aumônier des Œuvres sociales de la région de Bruxelles.
A la fin de la première guerre mondiale7, alors que les droits syndicaux - sous la pression des jeunes ouvriers - commencent à être mieux respectés, l’abbé Cardijn, fonde, en 1919, la "Jeunesse syndicaliste".
« Les jeunes ouvriers, écrit-il, ne sont pas des machines, des animaux, ni des esclaves. Ils sont les fils, les collaborateurs de l’œuvre créatrice de Dieu. C’est leur unique, leur seule, leur véritable destinée, leur raison d’être, de vivre, de travailler, l’origine de tous leurs droits et de tous leurs devoirs… Le jeune qui a compris sa destinée, sa vocation, sa mission, est fier de pouvoir, à sa place, dans sa condition, dans son milieu, par sa vie et par son travail, collaborer à l’œuvre du Christ et au Règne de Dieu. »
De plus en plus soutenu par toute une partie du clergé8, le mouvement connaît un développement très rapide principalement dans la région de Bruxelles et en Wallonie. En 1925, officiellement soutenu par le pape Pie XI9, l’abbé Cardijn est alors nommé aumônier de toutes les organisations de jeunes ouvriers et donne à la "Jeunesse syndicaliste", le nom de "Jeunesse ouvrière chrétienne" (J.O.C).
Il adopte pour méthode de formation des jeunes ouvriers chrétiens, la formule : "voir, juger agir" ; une méthode qui consiste - toujours à partir de situations concrètes et au moyens d’enquêtes - à demander aux jeunes de réfléchir sur leur vie ouvrière, sur leur condition de travail et enfin comment, ensemble, ils peuvent œuvrer pour plus de justice sociale :
« Voir, leur dit-il, le problème de leur destinée temporelle et éternelle…Comme le Verbe s’est incarné et a habité parmi nous, ainsi la destinée éternelle de chaque homme s’incarne dans la vie temporelle, s’y développe et s’y réalise.
Juger la situation présente, les problèmes, les contradictions, les exigences d’une destinée éternelle et temporelle.
Agir en vue de la conquête de leur destinée éternelle et temporelle ; agir individuellement et collectivement, en équipe, en section locale, en fédération, en mouvement national, dans les réunions, par des réalisations dans la vie et dans le milieu, formant un front unique, allant à l’offensive, à la conquête pour la masse de leurs frères de travail. »
La J.OC. devient un mouvement d’Action catholique qui milite pour plus de justice sociale et de meilleures conditions de travail, mais dans le respect de la dignité de chaque personne, et avec toujours pour seul guide : l’évangile du Christ.
Cette Action catholique est d’autant plus urgente, déclare l’abbé Cardijn, que la société se déchristianise :
« La vie, les conditions réelles de l’existence des jeunes travailleurs, de la masse, de 99 % de ceux-ci est en contradiction flagrante avec leur destinée temporelle et éternelle.
Il faut avoir le courage de regarder cette réalité, de ne pas la lâcher…
Il faut demeurer avec les deux yeux au ciel et les deux pieds sur terre, aussi inexorable pour la brutalité des conditions de l’existence terrestre qu’inexorable pour les exigences de la destinée éternelle.
Concrètement
, ajoute-t-il, il faut prendre conscience de la réalité de l’âge, des conditions de travail, de l’influence du milieu, des problèmes d’avenir à résoudre dans l’isolement, l’abandon, l’inexpérience.
Les contingences actuelles ne font qu’exaspérer le côté tragique de l’opposition entre les deux réalités : chômage, crise, impossibilité de fonder un foyer, de nourrir des enfants. Et tout cela dans une vague de néo-paganisme sans exemple dans l’histoire : nationalisme, matérialisme, racisme, messianisme, communisme révolutionnaire, nudisme, sensualisme, amoralisme, autant de fausses mystiques qui se jettent surtout sur la jeunesse désemparée et guettée par le libéralisme, le laïcisme et l’athéisme. »
Au fil des années, l’abbé Cardijn, après de multiples voyages pas seulement en Europe, mais dans tous les continents, donne à la J.O.C. une dimension internationale.
Un des résultats de cette activité internationale est le rassemblement, à Rome en 1957 de 30 000 jocistes issus de 87 pays.
A cette date, la J.O.C. est officiellement reconnue par le Saint Siège qui nomme l’abbé Cardijn aumônier international du mouvement. Il gardera cette fonction jusqu’en 1965, l’année où le pape Paul VI lui confère le titre de cardinal ; un titre qui l’amène à participer au Concile Vatican II.
Avant que s’ouvre la quatrième et dernière session du Concile, en septembre 1965, il est appelé comme expert au sein de la commission de l’Apostolat des laïcs ; avec à ses côtés le Père Congar.
Durant le Concile, il intervient par trois fois devant l’assemblée conciliaire : sur l’Apostolat des laïcs, sur le Tiers-monde et sur la Liberté religieuse.
Si, peu à peu, il diminue ses activités, il reste cependant, jusqu’au bout, très proche de la jeunesse ouvrière. Jusqu’au bout il ne cesse de répéter, concernant l’évangélisation des jeunes travailleurs, une formule qui lui est chère:
« elle ne se réalisera, dit-il, que s’ils agissent "entre eux, par eux et pour eux". »
Joseph Cardijn meurt le 24 juillet 1967. Il a alors 84 ans.
Le jour de ses funérailles qui ont lieu en présence du prince Albert, il est entouré de milliers de jocistes. Son corps repose en l’église Notre-Dame de Laeken.
Ci-dessous, une de ses dernières déclarations :
« Je crois à l’Action catholique parce que je la vis, je la vois, j’en constate les résultats merveilleux qui dépassent toutes les évaluations…
Souvent je me dis que nous prêtres, nous ne connaissons pas assez les ressources apostoliques laïques dont l’Église dispose et que nous ne savons pas employer les forces apostoliques dont l’Église dispose. »
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1 Ville située dans la banlieue nord de Bruxelles.
2 dans le Brabant flamand.
3 La mort prématurée de son père qui s’est usé au travail a dû peser sur sa décision.
4 dans le Brabant Wallon.
5 proche de Bruxelles.
6 dont certains sont encore des enfants.
7 Lors de la première guerre mondiale, il sera arrêté et emprisonné, en 1916, pour avoir protesté contre la déportation d’ouvriers belges en Allemagne. Il le sera de nouveau en 1942 par la Gestapo pour s’être publiquement opposé à "l’Ordre Nouveau" de l’Allemagne nazie.
8 alors qu’au début de son action, l’abbé Cardijn était considéré par beaucoup (prêtres et patrons) comme un illuminé.
9 qui voit dans l’Action catholique : « la participation des laïcs à l’apostolat hiérarchique de l’Eglise. »

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