lundi 29 juillet 2013

Vatican II : Introduction

Introduction

Le Concile Vatican II est le 21ème Concile œcuménique de l’histoire de l’Église. Il est convoqué une petite centaine d’années après le Concile Vatican I qui avait dû interrompre ses travaux en raison de la guerre franco-allemande, et de l’entrée dans Rome des troupes de Garibaldi venues conquérir les États pontificaux. N’ayant disposé que de peu de temps en raison de ces troubles, le Concile Vatican I avait principalement défini le dogme de la Primauté et celui de l’Infaillibilité pontificale : deux sujets que la majorité des Pères conciliaires avaient demandé de traiter en priorité.

Après la guerre de 1870, certains papes, en particulier Pie XI et Pie XII, ont songé poursuivre les travaux prévus au Concile Vatican I, mais semble-t-il sans beaucoup de soutien, en particulier de la Curie.

Aussi, de nombreux membres de la hiérarchie ecclésiastique manifestent une énorme stupéfaction lorsque le pape Jean XXIII annonce, le 25 janvier 1959, son intention de convoquer un Concile ; un Concile qui ne sera pas la continuation de Vatican I, mais un tout nouveau Concile : le Concile Vatican II ; lequel aura pour objectif, déclare le pape Jean XXIII, de répondre aux questions d’une société fortement sécularisée après deux conflits mondiaux.

Les deux guerres mondiales ont, en effet, profondément ébranlé les bases de la société et la conception de la vie.

Contrairement aux Conciles précédents, généralement convoqués pour condamner les erreurs doctrinales et les déviations morales, le pape Jean XXIII veut un Concile qui se consacre essentiellement à une réflexion de l’Église sur ce qu’elle est en profondeur, et sur sa mission dans un monde soumis à des changements permanents . Le mot "pastoral" dont le pape qualifie le Concile ne signifie pas à ses yeux oubli de la doctrine, mais exprime sa volonté de présenter le message de l’Église dans un langage intelligible, ouvert et adapté aux différentes cultures.

Pour Jean XXIII, le mot "pastoral" implique également un retour aux sources chrétiennes. Un objectif rendu possible grâce à tous les travaux bibliques, théologiques, patristiques, historiques, archéologiques, etc, entrepris depuis de nombreuses années.

On remarquera que Vatican II a changé de style par rapport aux Conciles précédents. Il emprunte beaucoup au vocabulaire biblique et à celui des Pères de l’Église, alors que les Conciles antérieurs recouraient constamment au style juridique des canons et des anathèmes.

Une autre différence à souligner : dans les Conciles qui ont précédé, les Pères conciliaires étaient surtout sensibles au caractère européen de l’Église. Vatican II manifestait qu’il leur fallait compter désormais avec l’Amérique du sud, l’Afrique, l’Asie et les Églises orientales. A leur contact, ils découvraient qu’il y avait une autre façon de penser la foi, de célébrer la liturgie, de prier et de vivre en Église.

Si la nouvelle de la convocation du Concile Vatican II est accueillie avec enthousiasme par la majorité des cardinaux et évêques du monde entier, elle n’est pas sans susciter incompréhensions et craintes de la part d’une minorité1.

Dans cette minorité, les uns estimaient que la définition de l’Infaillibilité pontificale rendait inutile toute Assemblée ecclésiale susceptible de se présenter comme un contre-pouvoir en face du Pontife romain. Le Concile Vatican I n’avait-il pas précisé, disaient-ils, que tous les énoncés dogmatiques prononcés par le pape étaient irréformables en soi, sans avoir besoin du consentement de l’Église ?

D’autres se posaient la question suivante : n’était-il pas dangereux de réunir une Assemblée qui, en raison du nombre très important de participants ((venant de tous les continents) risquait de se laisser envahir par un esprit démocratique? Un esprit incompatible, à leurs yeux, avec la structure d’une Église centralisée autour d’une Curie se considérant comme l’unique dépositaire du pouvoir dans l’Église.

Pour ces derniers, le danger semblait d’autant plus grand que cardinaux et évêques issus de pays très différents culturellement et politiquement, étaient tous invités à faire parvenir les sujets qu’ils désiraient mettre à l’ordre du jour au Concile.

La lecture des textes conciliaires présentés ci-après montrera en filigrane que, dans l’Assemblée conciliaire, deux groupes se sont affrontés : les uns (minoritaires), manifestant une attitude conservatrice par peur de déstabiliser l’Église; les autres (majoritaires), animés par le désir de réaliser ce que le pape Jean XXIII appelait de ses vœux : "l’aggiornamento"2 de l’Église.

Au final, le Concile Vatican II a rédigé seize documents qui, au cours de ces cinquante dernières années, ont profondément changé le visage de l’Église catholique, et la pratique d’un milliard de chrétiens dans le monde.
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1 Il ne semble pas que cette minorité ait dépassé les 12%.
2 Terme italien utilisé par Jean XXIII lui-même, signifiant tout à la fois : "renouveau","actualisation", "mise à jour".

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