dimanche 21 juillet 2013

La constitution sur la révélation (Dei Verbum)

Introduction

Avant de présenter la Constitution sur la Révélation, il est nécessaire de se remettre en mémoire deux événements qui ont ébranlé l’Eglise :
  • la Réforme protestante qui déclare notamment qu’il y a opposition entre l’Écriture et la Tradition,
  • la crise "moderniste" provoquée par des catholiques conservateurs qui n’admettent pas ce qu’ils appellent l’intrusion de la science dans l’interprétation des textes scripturaires.
Deux événements auxquels la Constitution s’efforcera d’apporter une réponse.

L'opposition entre Écriture et Tradition

On se souvient que Luther et Calvin considèrent que la seule autorité dans l’Église n’est pas le Magistère1 mais "l’Écriture seule" car, affirment-ils, l’Église hiérarchique peut être sujette à l’erreur et à des déviations doctrinales :
« Je ne crois, écrit Luther, ni en l’infaillibilité du pape ni à celle des Conciles, parce qu’il est manifeste qu’ils se sont souvent trompés et contredits… Je suis prêt à accepter tout ce que décrète et fait le pape, mais en le soumettant au préalable au jugement de l’Écriture, car le pape demeure inférieur au Christ et doit par conséquent se soumettre à l’Écriture2. »

Pour Luther et Calvin toute la Révélation est contenue dans l’Écriture ; la Tradition n’étant qu’un ensemble d’institutions et de dogmes ajoutés par l’Église au fil des siècles.
L’un et l’autre ne reconnaissent qu’une seule Tradition : les dogmes christologiques et trinitaires des Conciles œcuméniques de Nicée (325) et Constantinople (381).

Voir aussi La crise moderniste.

LA CONSTITUTION3

La Constitution sur la Révélation aurait pu servir de préface à l’ensemble des documents conciliaires, puisque c’est bien sur la Parole de Dieu que les Pères se fondent pour transmettre leur enseignement.

Nature de la révélation

En premier lieu, la Constitution traite de la nature de la Révélation. Au préalable, les Pères rappellent que Dieu est Amour et que c’est par amour qu’Il a créé le monde avec, à sa tête, l’homme.

Ils rappellent également que Dieu peut déjà être connu par sa création : « Dieu, principe et fin de toutes choses, affirment-ils, peut être connu avec certitude par la lumière naturelle de la raison humaine à partir des choses créées », DV  chp I n°6, mais Dieu a voulu aussi faire connaître à notre humanité son être intime et son dessein d’associer tous les hommes à sa vie divine.
Ce que l’Église nomme "Révélation4", c’est la volonté de Dieu de se "dévoiler " à notre humanité pour rayonner sur elle son amour et pour, qu’en retour, celle-ci réponde à cet amour. La Révélation est un acte d’amour gratuit par lequel Dieu-Trinité se fait connaître lui-même, et transmet sa propre vie en vue de nouer une Alliance avec l’homme : « Par cette Révélation, le Dieu invisible, dans son amour surabondant, s’adresse aux hommes comme à des amis ; il s’entretient avec eux pour les inviter et les admettre à partager sa propre vie5. » DV chp I n°2.

La Révélation a ceci de spécifique qu’elle comporte toujours échange et dialogue : Dieu ne se révèle jamais sans une réponse de l’homme ; l’homme qui, souvent, va jusqu’à poser des questions à Dieu. Parole de Dieu et réponse de l’homme à cette Parole, caractérisent la Révélation6.

La Révélation n’est pas d’abord un ensemble de doctrines et de vérités, mais une relation de Dieu avec l’humanité ; une relation qui ne cesse de se déployer et de s’intensifier au cours du temps.
Cette relation de Dieu avec les hommes se fait en paroles et en actes par l’intermédiaire de messagers qu’il a envoyés, mais aussi par les événements de l’histoire7 : « Cette économie de la Révélation se réalise par des actions et des paroles intrinsèquement liées entre elles, si bien que les œuvres accomplies par Dieu dans l’histoire du salut, manifestent et corroborent la doctrine et les réalités signifiées par les paroles, et que les paroles de leur côté, proclament les œuvres et élucident le mystère qui y est contenu. » ibid.

Dans un premier temps, Dieu s’est révélé à un peuple qui prendra le nom d’Israël8. Ce peuple, né au moment de l’appel de Dieu à Abraham, se formera réellement avec Moïse ; puis, au fil des siècles, il sera guidé et instruit par les "prophètes", c’est-à-dire par des hommes et des femmes "parlant au nom de Dieu".

Dans un deuxième temps, Dieu se révélera en plénitude par son Fils Jésus Christ ; cette fois, non plus seulement à Israël, mais à toutes les nations. C’est Jésus Christ, le Fils de Dieu fait chair, qui donnera à la Révélation sa forme et sa dimension définitives :
« Après avoir à bien des reprises et de bien des manières, parlé par les prophètes, Dieu …nous a parlé par son Fils. Il a envoyé, en effet, son Fils, le Verbe éternel qui éclaire tous les hommes, pour qu’il demeurât parmi eux et leur fît connaître les profondeurs de Dieu.
Jésus Christ donc, le Verbe fait chair… achève l’œuvre de salut que le Père lui a donné à faire…
L’économie9 chrétienne, étant l’alliance nouvelle et définitive, ne passera donc jamais et aucune nouvelle Révélation publique n’est dès lors à attendre avant la manifestation glorieuse de Notre Seigneur Jésus Christ
10. » DV chp I n°4.

Transmission de l'ultime révélation

La Révélation de Dieu qui a atteint son sommet avec le Christ, a été confiée, par Lui, aux apôtres. Ces derniers ont transmis l’évangile du Christ par leur prédication, leur témoignage et les institutions qu’ils ont mises en place.
Sous l’inspiration de l’Esprit Saint, les apôtres ou leurs disciples ont fixé le message du Christ par écrit ; puis ils ont confié à leurs successeurs tout à la fois l’Ecriture11 et la Tradition.

"Tradition", du latin "tradere" : "transmettre", "livrer". Dans le vocabulaire chrétien, on désigne par Tradition ce que les apôtres - sous l’inspiration de l’Esprit Saint - ont transmis par oral et qui n’a pas été consigné par écrit12, ainsi que les institutions qu’ils ont fondées. On entend également par Tradition, tout ce que les successeurs des apôtres (les évêques) et le Peuple de Dieu (pasteurs et fidèles), en pénétrant plus profondément le message du Christ sous l’assistance de l’Esprit Saint, ont transmis (et transmettent encore) au fil des siècles.

« La Révélation de Dieu le Père, par son Fils Jésus Christ, fut fidèlement accomplie tantôt par les apôtres qui, dans la prédication orale, dans les exemples et les institutions, transmirent soit ce qu’ils avaient appris de la bouche du Christ en vivant avec lui et en le voyant agir, soit ce qu’ils tenaient des suggestions de l’Esprit Saint, tantôt par ces apôtres et par des hommes de leur entourage qui, sous l’inspiration du même Esprit consignèrent par écrit le message de salut. Mais pour que l’évangile fut toujours gardé inaltéré et vivant dans l’Église, les apôtres laissèrent, comme successeurs, des évêques, auxquels ils transmirent leur propre charge d’enseignement.
Cette sainte Tradition et la sainte Ecriture de l’un et l’autre Testament sont donc comme un miroir où l’Eglise en son pèlerinage sur terre contemple Dieu, de qui elle reçoit tout, jusqu’à ce qu’elle soit amenée à le voir face à face tel qu’il est
. » DV  chp II, n°7.

La Tradition, l’Eglise est amenée à l’approfondir et à la développer par la réflexion théologique, par la vie de foi et par l’exercice du Magistère13 :
« La Tradition qui vient des apôtres se poursuit dans l’Eglise, sous l’assistance du Saint Esprit : en effet, la perception des réalités aussi bien que des paroles transmises s’accroît, soit par la contemplation et l’étude des croyants qui les méditent dans leur cœur, soit par l’intelligence intérieure qu’ils éprouvent des choses spirituelles, soit par la prédication de ceux qui, avec la succession épiscopale, reçurent un charisme certain de vérité. Ainsi l’Eglise, tandis que les siècles s’écoulent, tend constamment vers la plénitude de la divine vérité, jusqu’à ce que soient accomplies en elle les Paroles de Dieu » DV chp II, n°8.

Ecriture et tradition

Ainsi Ecriture et Tradition sont intimement unies l’une à l’autre. La Tradition ne doit pas être considérée comme un supplément quantitatif à l’Ecriture. On ne peut ni les opposer ni les séparer car toutes deux sont porteuses de la Parole unique de Dieu et ont été inspirées par l’Esprit Saint :
« La sainte Tradition et la sainte Ecriture sont étroitement liées et communiquent étroitement entre elles car toutes deux jaillissant de la même source divine14, confluent pour ainsi dire pour former un tout et tendent à une même fin.
En effet, la sainte Ecriture est la Parole de Dieu en tant que, sous l’inspiration de l’Esprit Saint, elle est consignée par écrit ; quant à la sainte Tradition, elle transmet intégralement la Parole de Dieu, confiée par le Christ Seigneur et par l’Esprit Saint aux apôtres, et la transmet intégralement à leurs successeurs, pour que, illuminés par l’Esprit de vérité, en la prêchant, ils la gardent, l’exposent et la répandent avec fidélité : il en résulte que l’Eglise ne tire pas de la seule Ecriture Sainte sa certitude sur tous les points de la Révélation
.». 

C’est pourquoi concluent les Pères conciliaires : « Ecriture et Tradition doivent être reçues et vénérées avec un égal sentiment d’amour et de respect15. » DV chp II, n°9.
L’Église doit donc puiser son enseignement non seulement dans l’Écriture, mais aussi dans la Tradition. Elles constituent ensemble le dépôt de la Révélation confié au Peuple de Dieu.

Interprétation de l’Écriture et de la Tradition

Le droit d’interpréter en vérité aussi bien l’Écriture que la Tradition appartient au Magistère.
Le Magistère ne peut rien apporter de nouveau à la Parole de Dieu. Sa mission consiste uniquement à se mettre totalement "au service de l’Ecriture" et de la Tradition. DV chp II n°10,2.
Écriture, Tradition et Magistère sont d’autant plus étroitement et indissolublement liés qu’ils sont tous les trois sous l’inspiration de l’Esprit Saint :
« La sainte  Tradition, la sainte Ecriture et le Magistère de l’Eglise, selon le très sage dessein de Dieu, sont tellement reliés et solidaires entre eux qu’aucune de ces réalités ne subsiste sans les autres, et que toutes ensemble, chacune à sa façon, sous l’Action du seul Esprit Saint, contribuent efficacement au salut des âmes. » DV chp II, n° 10,3.

L'inspiration de l'Ecriture

S’appuyant sur le témoignage des apôtres, en particulier celui-ci :
« Sachez-le bien : aucune prophétie de l’Ecriture n’est affaire d’une interprétation privée ; en effet, ce n’est pas la volonté humaine qui a jamais produit une prophétie, mais c’est portés par l’Esprit Saint que des hommes ont parlé de la part de Dieu16. », les Pères conciliaires déclarent que « la Bible tout entière (Ancien et Nouveau Testaments) est inspirée par l’Esprit Saint. Elle a donc Dieu pour auteur principal »; l’homme n’étant que l’instrument actif choisi par Dieu pour transmettre sa Parole dans un langage humain17 :
« En vue de composer les Livres sacrés, Dieu a choisi des hommes auxquels il a eu recours dans le plein usage de leur facultés et de leurs moyens, pour que, lui-même agissant en eux et par eux, ils transmissent par écrit, en vrais auteurs18, tout ce qui était conforme à sa volonté, et cela seulement. Dès lors, puisque toutes les assertions des auteurs inspirés (ou hagiographes19) doivent être tenues pour assertions de l’Esprit Saint, il faut donc professer que les Livres de l’Ecriture enseignent fermement, fidèlement et sans erreur la vérité que Dieu, pour notre salut, a voulu voir consignée dans les Lettres sacrées. » DV chp III, n°11.

Cependant, comme ces auteurs inspirés ont écrit dans des contextes historiques déterminés et se sont exprimés à travers des genres littéraires propres, il revient aux exégètes de rechercher avec beaucoup de soin ce que ces derniers ont voulu dire et enseigner de la part de Dieu :
« Pour découvrir l’intention des hagiographes, on doit, entre autres choses, prendre en considération les genres littéraires. Car, c’est de façon bien différente que la vérité est proposée et exprimée en des textes diversement historiques, ou prophétiques, ou poétiques, ou même en d’autres genres d’expression. Il faut en conséquence que l’interprète cherche le sens que l’hagiographe, en des circonstances déterminées, dans les conditions de son temps et l’état de sa culture, employant les genres littéraires alors en usage, entendait exprimer et a, de fait, exprimé.
En effet, pour vraiment découvrir ce que l’auteur sacré a voulu affirmer par écrit, on doit tenir minutieusement compte soit des manières natives de sentir, de parler ou de raconter courantes au temps de l’hagiographe, soit de celles qu’on utilisait à cette époque dans les rapports humains
20

Les Pères conciliaires achèvent ce chapitre en disant que, quels que soient les textes scripturaires étudiés (c’est-à-dire leur genre littéraire et leur contexte historique) les exégètes ne doivent jamais oublier qu’il leur faut les interpréter à la lumière de l’ensemble de la Bible, puisque tous les Livres bibliques ont été écrits sous l’inspiration de l’Esprit Saint21 :
« Puisque la sainte Ecriture doit être lue et interprétée à la lumière du même Esprit qui la fit rédiger, il ne faut pas, pour découvrir exactement le sens des textes sacrés, porter une moindre attention au contenu et à l’unité de toute l’Ecriture eu égard à la Tradition vivante de l’Eglise et de l’analogie de la foi » DV. chp III, n°12.

Dans les deux chapitres qui suivent, le Concile souligne l’importance de l’Ancien Testament pour les chrétiens. Celui-ci, dit-il, témoigne de la pédagogie divine au fil du temps et éclaire le Nouveau Testament.
Après avoir précisé qu’il faut respecter leur genre littéraire et le contexte dans lequel ils ont été rédigés, le Concile réaffirme le caractère historique des quatre évangiles :
« La Sainte Mère l’Eglise a tenu et tient fermement et avec la plus grande constance que les quatre évangiles mentionnés, dont elle affirme sans hésiter l’historicité, transmettent fidèlement ce que Jésus, le Fils de Dieu, du temps de sa vie parmi les hommes, a réellement fait et enseigné pour leur salut éternel, jusqu’au jour où il fut enlevé. » DV chp V n°19.

En conclusion, le Concile - reprenant un thème souvent traité par les Pères de l’Église - met (par deux fois) en parallèle l’Écriture22 et l’Eucharistie : "les deux Tables" auxquelles doivent venir régulièrement se nourrir les fidèles :
« L’Église a toujours vénéré les divines Écritures comme elle le fait pour le Corps même du Seigneur, puisqu’elle ne cesse, surtout dans la sainte liturgie, de prendre le pain de vie de la Table qui est celle de la Parole de Dieu aussi bien que du Corps du Christ et de le présenter aux fidèles. » DV chp VI n°21.

Se nourrir aux "deux Tables" (celle de la Parole de Dieu et celle de l’Eucharistie) est tellement essentiel pour un chrétien que le Concile, un peu plus loin, revient sur le sujet :
« De même que la vie de l’Église reçoit un accroissement de la fréquentation assidue du mystère eucharistique, de même elle reçoit un nouvel élan de vie spirituelle à partir d’une vénération accrue de la Parole de Dieu qui demeure éternellement. » DV chp VI n°26.

C’est pourquoi - alors que depuis le Moyen Âge, la lecture de la Bible était réservée au clergé - le Concile demande que « l’accès à la sainte Ecriture soit largement ouvert aux fidèles du Christ23. » DV chp VI n °22.
Ce qui implique la nécessité de donner des explications pour que les chrétiens puissent interpréter correctement les textes scripturaires :
« Il est demandé que les traductions des textes sacrés soient munies des explications nécessaires et vraiment suffisantes, pour que les fils de l’Eglise fréquentent les saintes Ecritures avec sécurité et profit et s’imprègnent de leur esprit. » DV chp VI n°25.

Nota Bene : Une question à laquelle les Pères conciliaires se devaient de répondre : l’Ecriture est-elle exempte d’erreurs ?
Leur réponse est formelle : il existe dans la Bible des inexactitudes sur les terrains historiques, chronologiques, physiques, biologiques, car Dieu a parlé le langage des hommes avec leurs infirmités et leurs faiblesses24 (n°13).
Cependant, la Bible enseigne, sans erreur, la vérité sur Dieu, et sur les messages qu’il a transmis aux hommes.
Les Pères conciliaires affirment ainsi que l’Ecriture est la Parole de Dieu avec la garantie de vérité que cela implique.
En résumé, la Constitution sur la Révélation ne dit pas que la Bible est un ouvrage scientifique dans le sens que attribuons aujourd’hui à ce terme, mais qu’elle transmet en vérité la Parole de Dieu à l’humanité, et la voie que celle-ci est invitée à suivre en vue du salut (n°11).

"La Constitution sur La Révélation" sera votée et promulguée le 18 novembre 1965, par 2344 voix contre 6.

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1 On appelle "Magistère" (du latin "magister", "maître"), le pouvoir d’enseigner confié par Jésus Christ aux apôtres et ensuite, par le pape et les évêques.
2 "Contre la papauté à Rome" 1545.
3 La Constitution sur la Révélation a été conçue dans un climat si dur et si polémique à certains moments qu’elle a bien failli ne pas aboutir.
4 "Révélation", du latin "revelare", "dévoiler".
5 Ainsi la Révélation n’est pas simplement la transmission d’une connaissance au sujet de Dieu, mais le don que Dieu fait de lui-même avec l’offre d’une relation d’amour avec Lui.
6 Paul VI, dans son encyclique "ecclesiam suam" sur le dialogue (1964) définit la Révélation comme un dialogue incessant entre Dieu et l’humanité.
7 Une histoire appelée "Histoire Sainte" ou "Histoire du salut" parce qu’orientée par l’Esprit Saint.
8 "Israël", mot hébreu signifiant probablement : "Dieu qui se montre fort". Israël est le nom que Dieu donne à Jacob. (Genèse,32).
9 "Economie" : du grec "oikonomia" , "art de gérer une maison". "L’économie du salut" désigne la façon dont Dieu conduit l’histoire du salut.
10 Au numéro 16, la Constitution établit non seulement l’unité des deux Testaments, mais aussi le principe selon lequel l’Ancien Testament s’éclaire par le Nouveau et réciproquement.
11 L’Écriture : c’est-à-dire le Nouveau Testament mais aussi l’Ancien Testament car le Nouveau Testament plonge ses racines dans l’Ancien. Le Christ qui se situait dans la ligne des prophètes faisait sans cesse référence à l’Ancien Testament.
12 En n'oubliant pas que ce qui a été écrit l’a été à partir de la prédication des apôtres.
13 La Révélation n’est pas figée dans un texte, mais conservée dans le peuple croyant qui en découvre sans cesse de nouvelles richesses. La Constitution parle ainsi du développement du dogme au fils du temps.
14 Au Concile de Trente, les Pères conciliaires, dans le climat de la Contre Réforme, (c’est-à-dire, contre Luther qui affirmait que l’Écriture était l’unique source de la Révélation), déclaraient qu’Ecriture et Tradition constituaient les deux sources de la Révélation. Au Concile Vatican II, ils déclarent que la Tradition n’est pas « une source de la foi » à côté de l’Écriture, mais le moyen par lequel l’Église transmet la Parole de Dieu, tout au long de l’histoire. En d’autres termes, la Tradition n’est pas un supplément quantitatif de l’Écriture, mais la Révélation vécue dans l’Église. Vivifiée par l’Esprit Saint, elle fait entrer l’Église dans l’intelligence de la Révélation. Dire que la Révélation a deux sources : l’Écriture et la Tradition, reviendrait à dire que l’Eglise énonce des vérités à croire sans fondement dans l’Ecriture.
15 La Constitution montre la complémentarité entre Ecriture et Tradition. L’Ecriture est la Parole de Dieu qui, sous l’action de l’Esprit Saint, a été mise par écrit; quant à la Tradition elle transmet la même Parole de Dieu qui, - encore sous l’action de l’Esprit Saint - s’est "déployée" par la prédication des apôtres et de leurs successeurs.
16 2 Pierre I, 20-21
17 Pour reprendre l’expression de l’exégète dominicain Marie-Joseph Lagrange (1855-1938), la coopération de l’Auteur principal (Dieu)) et de son instrument (l’homme), est d’une nature telle que, dans l’Ecriture Sainte, tout est de Dieu et tout est de l’homme.
18 Ce qui veut dire que les auteurs des textes bibliques n’ont pas écrits sous la dictée de Dieu, mais, sous l’inspiration de l’Esprit Saint, en fonction de leur personnalité et de leur milieu culturel.
19 "Hagiographe" : mot d’origine grecque signifiant : "auteur de Livres sacrés".
20 Cette déclaration concernant la nécessité de connaître le contexte dans lequel les textes bibliques ont été écrits est une première dans un document conciliaire.
20 Ainsi, concernant l’interprétation de l’Ecriture, le Concile reconnaît l’utilité et la valeur de l’exégèse scientifique (notamment historico-critique), mais demande aux exégètes de considérer le sens profond de l’Ecriture prise dans son ensemble, en lien avec la Tradition vivante de l’Eglise.
22 L’Ecriture est d’une importance primordiale car l’Eglise est bâtie sur la Parole de Dieu.
23 Depuis le Concile de Trente, ceux qui encourageaient les fidèles à lire la Bible étaient soupçonnés de sympathie coupable à l’égard du protestantisme.
24 Il faut préciser que les auteurs bibliques avaient un tout autre sens de l’histoire que celui que nous avons aujourd’hui. Ce que, avant tout, ils voulaient transmettre concernant les grands événements vécus par le Peuple de Dieu, ce ne sont pas les faits tels qu’ils se sont exactement déroulés, mais la signification dont ces événements étaient porteurs. A travers ces événements, les auteurs bibliques retenaient exclusivement le message que Dieu voulait faire passer à son Peuple.

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