lundi 7 juillet 2014

En France, l'évangélisme

En France se développe également un mouvement de réforme tout à fait original qu’on a coutume d’appeler l’Évangélisme.
C’est la rencontre de deux hommes : Jacques Lefebvre d’Etaples (1450-1538), un prêtre spécialiste des langues anciennes qui se passionne pour la Bible, et de Guillaume Briçonnet (1472-1534), évêque de Meaux, qui est à l’origine de ce mouvement.
Tous les deux créent un groupe appelé le Cénacle de Meaux avec pour objectif de réformer l’Église en mettant le clergé et les fidèles directement en contact avec l’Écriture, l’Écriture à l’état pur, en vue de libérer les chrétiens de toutes les traditions venues l’« encombrer » au cours des siècles et de leur faire retrouver l’esprit de l’Église primitive.
Très rapidement, sous leur impulsion, clercs et laïcs désireux d’opérer une conversion intérieure se réunissent pour méditer le Nouveau Testament - que Lefebvre d’Etaples, à leur intention, a traduit en langue française - et s’efforcent de rétablir une Église animée par la ferveur et la simplicité des premières communautés chrétiennes.
L’Évangélisme a surtout atteint les villes de la vallée de la Seine et de la Loire, ainsi que celles du sud-ouest et de la Côte d’Or.
Les Évangélistes deviennent suspects quand les thèses de Luther commencent à s’infiltrer en France1. Très vite, ils sont accusés - injustement2 - de propager la réforme luthérienne.
Le roi François 1er (1515-1547) finira par mettre un terme à l’expansion de l’Évangélisme3 lorsque des réformateurs proches de Zwingli affichent au château d’Amboise4 et dans plusieurs villes des « Placards » critiquant ouvertement la messe telle que la célèbre l’Église romaine5 :
« … Secondement en cette malheureuse messe, on a provoqué par l’univers et le monde à l’idolâtrie publique quand faussement on a donné à entendre que sous les espèces du pain et du vin, Jésus Christ, corporellement, réellement est de fait entièrement et personnellement en chair et en os, aussi grand et aussi parfait comme s’il était vivant, contenu et caché.
Ce que la Sainte Écriture et notre foi ne nous enseignent pas… car Jésus Christ après sa résurrection est monté au ciel, assis à la dextre de Dieu le Père tout puissant et de là viendra juger les vifs et les morts ; Saint Paul aux Colossiens,3, écrit ainsi…
Tiercement, ces pauvres sacrificateurs pour adjouter erreur sur erreur ont, en leur frénésie, dit et enseigné, après avoir soufflé ou parlé sur ce pain qu’ils prennent entre leurs doigts, sur le vin qu’ils mettent au calice, qu’il n’y demeure ni pain ni vin mais, comme ils parlent de prodigieux mots, par Transsubstantiation Jésus Christ est sous les accidents du pain et du vin caché et enveloppé, ceci est une doctrine des diables et contre toute vérité et ouvertement contre toute Écriture.
Et je demande en ces gros échaperonés où ils ont inventé et trouvé ce gros mot Transsubstantiation.
Saint Paul, saint Matthieu, saint Marc, saint Luc et les anciens pères n’ont point ainsi parlé mais quand ils ont fait mention de la Sainte Cène de Jésus Christ, ils ont simplement et ouvertement parlé de pain et de vin … »

Furieux, le roi François 1er ordonne une vigoureuse répression qui va mettre fin à l’Évangélisme.
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1 D’autant que quelques évangélistes comme Guillaume Farel, passent au luthéranisme.
2 Alors que, contrairement à Luther, les évangélistes voulaient une réforme pacifique de l’Église.
3 Au début, sous l’influence de sa sœur, Marguerite de Navarre, François 1er était favorable à l’Évangélisme ; allant jusqu’à appeler Lefèvre d’Etaples pour être précepteur de ses enfants.
4 à même la porte de la chambre à coucher du roi.
5 Les « Placards » dénoncent la doctrine de la transsubstantiation et de la messe comme sacrifice. On pouvait lire sur ces placards différents slogans tels que : « On ne doit pas réitérer le sacrifice du Christ » ou : « Il ne peut se faire qu’un homme de 20 ou 30 ans soit caché dans un morceau de pâte » (hostie).

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