Au XVIe siècle (après la séparation d’avec l’Église d’Orient, en 1054), c’est au tour de l’Église d’Occident de se fracturer de toutes parts ; des fractures qui se produisent sous l’impulsion de fortes personnalités qui protestent violemment contre l’Église établie : elles considèrent que l’Église est en pleine décadence en raison de la médiocrité et de l’immoralité d’une grande partie du clergé, du haut au bas de l’échelle.
Pour chacune de ces personnalités, l’Église, dans son comportement et son enseignement, est devenue l’infidèle au message du Christ.
Pour revenir à la fidélité de l’évangile et au témoignage des premiers chrétiens, des hommes comme Luther, Zwingli, Bucer, Calvin, Cranmer, Knox, etc. vont s’insurger ouvertement contre la papauté1 et engager des réformes à l’intérieur de l’Église d’alors. D’où le nom de réformateurs qui leur est attribué.
Comme ces derniers rencontrent opposition ou résistance de la part des hauts responsables de l’Église qui refusent tout dialogue2, ils vont non seulement durcir et radicaliser leurs thèses, mais créer des Églises nouvelles en marge de celle de Rome.
C’est dans ce contexte d’une chrétienté éclatée que la papauté, pour contrer les réformateurs et leur doctrine, décide dès l’année 1536, sous la pression de l’empereur Charles Quint, de convoquer un concile.
A la veille de ce concile, la papauté se fixe quatre objectifs :
- définir, face aux réformateurs, ce que l’Église catholique romaine entend être la véritable doctrine chrétienne ;
- promouvoir les réformes de fond qu’elle avait négligées jusqu’alors ;
- rétablir la communion entre tous les chrétiens répartis désormais en plusieurs Églises (luthériennes, calvinistes, anglicanes, etc.) ;
- libérer les chrétiens d’Orient de la main des musulmans.
Il faudra l’action d’évêques très influents et volontaires comme Charles Borromée, l’appui d’Ordres religieux (principalement l’Oratoire de Philippe Néri et la Compagnie de Jésus) ainsi que la ténacité du pape Pie IV pour que le concile parvienne à son terme après avoir pris des orientations décisives pour le renouveau de l’Église.
Certes, le concile de Trente ne réussira pas à réaliser un de ses principaux objectifs, à savoir l’unité des chrétiens, mais sous l’action conjuguée de papes, d’évêques et de clercs déterminés il parviendra à mettre en œuvre les réformes essentielles et à changer ainsi, en profondeur et dans tous les domaines, le visage de l’Église.
A plus ou moins longue échéance (car toutes les nations n’appliqueront pas les réformes au même rythme) le concile redonnera, peu à peu, à tous les acteurs de l’Église, un élan et une vitalité étonnante et, qui plus est, de longue durée, puisque l’Église n’éprouvera pas la nécessité de convoquer un nouveau concile général (le concile Vatican I) avant l’année 1870 soit 300 ans après le concile de Trente.
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1 Luther est le premier à réclamer un concile, d’abord en 1518 puis en 1520 : il demande l’arbitrage d’un concile dans son conflit avec la papauté.
2 Alors que plusieurs thèses des réformateurs auraient pu être prises en compte ou pour le moins discutées.
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