lundi 7 juillet 2014

Le concile de Trente : le contexte

Vainement réclamée depuis longtemps par de nombreux chrétiens, la réforme de l’Église sera finalement entreprise, dans un premier temps, par des hommes qu’on n’attendait pas :
  • en Allemagne, par Martin Luther,
  • à Zurich, par Ulrich Zwingli,
  • à Genève, puis en France par Jean Calvin,
  • en Angleterre, c’est le roi Henri VIII qui sera à l’origine de la réforme (l’Église anglicane),
  • en Ecosse, par John Knox.
C’est principalement en réaction contre les réformes (luthérienne et calviniste) que la papauté se décide à convoquer un concile : le concile de Trente appelé par certains historiens le Concile de la contre Réforme.

Des réformes de l’Église réclamées à cor et à cri

Comme l’a montré le concile de Latran V réuni par Jules II et clôturé par
Léon X, la papauté est restée aveugle sur les réformes dont l’Église avait tant besoin.
Depuis plus de deux siècles, la papauté a vu son autorité se dégrader par toutes les crises qui l’ont secouée:
  • l’échec du pape Boniface VIII face au roi de France, Philippe le Bel,
  • l’exil des papes à Avignon pendant près de trois quarts de siècle,
  • le "Grand schisme d’Occident" qui a duré une quarantaine d’années,
  • les fastes et parfois les mœurs dépravées des papes de la Renaissance.
Les responsables de l’Église sont devenus la cible de multiples accusations. On leur reproche tout particulièrement :
  • le poids de la fiscalité que font peser les papes sur l’ensemble de la chrétienté, alors que ces derniers mènent généralement un grand train de vie,
  • la richesse de l’Église, propriétaire d’immenses domaines,
  • l’attribution des évêchés, des abbayes et des paroisses à des personnes qui ne voyaient dans les charges qui leur étaient confiées qu’une source de revenus,
  • l’autorité souvent abusive du haut clergé,
  • la médiocrité intellectuelle, morale et spirituelle de la plupart des membres du bas clergé, pour lesquels aucune formation n’était réellement donnée,
  • la décadence de beaucoup d’Ordres religieux.
Tous ces reproches se répandent plus rapidement qu’auparavant dans le grand public d’autant qu’au XVIe siècle, marqué par l’humanisme de la Renaissance et la montée de l‘individualisme, les personnes s’expriment plus librement et - avec la découverte de l’imprimerie - plus facilement.
La société occidentale adhère d’autant plus fortement à toutes les accusations portées contre l’Église hiérarchique, qu’elle est traversée par l’angoisse du salut et qu’elle a soif d’une authentique vie spirituelle, dans un climat de liberté.

L’humanisme chrétien

La grande secousse de la Réforme protestante qui va fracturer la chrétienté occidentale, est précédée d’un mouvement des idées revendiquant une certaine indépendance vis-à-vis de Rome et des hauts responsables de l’Église.
On considère que ce mouvement appelé humanisme est né au tout début du XVe siècle, en Italie, durant la Renaissance : cette période de l’histoire où l’Occident redécouvre chez les grands auteurs (grecs et romains) de l’Antiquité, la richesse et la sagesse de leurs réflexions sur l’homme1.
Le mouvement humaniste a essentiellement pour objectif de mettre l’homme au premier plan, en affirmant sa dignité, sa liberté et ses facultés de connaissance par l’usage de la raison.
Loin de rejeter le message de l’évangile, les humanistes de la Renaissance ont tous, comme point commun, de faire apparaître la concordance de l’enseignement évangélique avec la sagesse des Anciens.
C’est en se référant à l’évangile et au regard que le Christ porte sur l’homme, que les humanistes s’emploient à valoriser la personne ; et c’est au nom de la fidélité à l’évangile, qu’ils critiquent ce qu’ils appellent les abus et les déviations de l’institution ecclésiale.
Soucieux de défendre l’autonomie de l’individu, ils s’en prennent aux autorités religieuses et à la domination des clercs qui portent atteinte à cette liberté fondamentale.
En résumé, le projet de l’humanisme chrétien consiste à faire émerger une humanité où chaque individu, éclairé par le message évangélique et celui des Anciens, se considère libre d’exercer sa raison critique et n’accepte plus, en raison de sa dignité, que ses règles de vie et sa façon de penser soient dictées de l’extérieur, en l’occurrence par l’institution ecclésiale.


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1 Qu’est-ce que la sagesse ? Comment trouver la voie du bonheur ? Quand peut-on dire qu’une vie est réussie ? Toutes ces questions ont été posées par les grands philosophes grecs et latins.

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