lundi 7 juillet 2014

Martin Luther (1483-1546)

Un théologien qui proteste au nom de la Parole de Dieu

Martin Luther est né à Eisleben1 en Allemagne, d’un père, paysan d’origine - qui, par après, travaillera dans une mine de cuivre - et d’une mère connue pour sa grande sensibilité.
Comme la plupart de ses contemporains il reçoit une éducation religieuse axée sur la crainte de Dieu et l’angoisse du Jugement dernier2 :
« Nous pâlissions, raconte Luther, au seul nom du Christ car on ne nous le présentait jamais que comme un juge sévère, irrité contre nous.
On nous disait qu’au Jugement dernier, il nous demanderait compte de nos péchés, de nos pénitences, de nos œuvres. Et comme nous ne pouvions nous repentir assez et faire des œuvres suffisantes, il ne nous demeurait que la terreur et l’épouvante.»
C’est marqué par cette spiritualité de la crainte de Dieu et de l’angoisse de la mort subite3 qu’après des études à l’université d’Erfurt, en Saxe, Luther - malgré la vive désapprobation de son père - décide en 1505 d’entrer chez les Ermites de saint Augustin4 pour, comme il le dit lui-même « faire son salut5. »
Tourmenté par ses faiblesses - bien qu’il soit un moine très fervent et très sérieux, multipliant jeûnes et mortifications - il s’interroge avec effroi sur l’attention qu’un Dieu infiniment grand et juste peut porter sur le pauvre pécheur qu’il demeure malgré tous ses efforts.
Le récit qu’il fait de sa première messe, en 1507, est révélateur de son angoisse :
« Quand je célébrai à Erfurt mes prémices et que je lus ces mots : "J’offre à Toi Dieu vivant et éternel… etc.", je fus si épouvanté que je songeai à m’enfuir de l’autel. Et je l’aurais fait si mon précepteur ne m’avait retenu. Je m’arrêtai et je songeai : qui est Celui à qui tu parles ? Depuis lors, j’ai dit la messe avec une grande frayeur. Je remercie Dieu de m’en avoir délivré…
Au couvent, nous avions assez à manger et à boire mais le cœur et la conscience souffraient le martyre, et les souffrances de l’âme sont les plus douloureuses.
J’ai souvent été effrayé par le nom de Jésus, et quand je le regardais sur la croix, je croyais qu’il était pour moi comme la foudre. Quand on prononçait son nom, j’aurais préféré entendre le diable car je croyais qu’il me fallait faire des bonnes œuvres jusqu’à ce que le Christ me fût par elles rendu favorable.
Au couvent, je ne songeais ni à l’argent, ni aux biens de ce monde, ni aux femmes, mais mon cœur tremblait et s’agitait en songeant comment il pourrait rendre Dieu favorable…
Les cheveux se dressaient sur ma tête quand je pensais au Jugement dernier… Nous avons cru que nous devions apaiser la colère divine par nos œuvres et mériter par elles le ciel, mais nous n’avons réussi à rien…
Toute ma vie n’était que jeûnes, oraisons, sueurs, etc., mais sous le couvert de cette sainteté et cette confiance en ma justice propre, je nourrissais une perpétuelle défiance, des doutes, une crainte, une envie de haïr et de blasphémer Dieu… »
Nommé docteur en théologie, en 1511, il occupe peu après la chaire d’enseignant biblique à l’université de Wittenberg6.
Tandis qu’il se heurte à ce qui lui paraît inconciliable en Dieu : sa justice et sa miséricorde, un jour une lumière envahit son esprit et lui apporte un grand apaisement.
Cette illumination, Luther la reçoit en lisant l’Épître aux Romains. Elle lui révèle que c’est Dieu qui, par son Fils Jésus Christ, parcourt tout le chemin pour atteindre l’homme et le libérer du péché. Il suffit pour être sauvé de croire en cette démarche du Christ vers nous.
L’homme ne peut pas obtenir le salut par ses œuvres et ses mérites mais uniquement en raison de sa foi en l’amour de Dieu qui lui pardonne et le justifie par son Fils Jésus Christ :
« Tous doivent chercher leur salut qu’en Jésus Christ, non dans leurs prières, leurs mérites ou leurs œuvres. Car ce n’est pas notre zèle qui nous sauvera mais la miséricorde de Dieu7. »
L’homme qui demeure toujours pécheur, quoi qu’il fasse, doit adopter, dit Luther, l’attitude du petit enfant à l’égard de ses parents, c'est-à-dire, se mettre en toute confiance entre les mains de Dieu et s’abandonner à Lui tel qu’il est.
Laissons Luther nous raconter lui-même son expérience spirituelle :
« En tant que moine, je n’avais pas beaucoup de reproches à me faire. Ma conscience cependant était inquiète. Devant Dieu, je ne pouvais me considérer que comme pécheur, sans espérer que mes bonnes actions puissent apaiser la justice divine. Je n’aimais pas ce Dieu juste qui punit les pécheurs, je le haïssais. Sans aller jusqu’à blasphémer, je me révoltais contre lui.
Ne suffit-il pas, me disais-je, que les pauvres pécheurs voués à l’enfer par le péché originel soient en butte à toutes les calamités par la tyrannie des Dix Commandements ? Faut-il que Dieu ajoute encore à notre malheur au moyen de l’évangile, en se servant aussi de lui pour nous signifier sa justice vengeresse ?
Je m’irritais de la sorte, la conscience en désarroi, tournant et retournant ce passage de saint Paul pour savoir ce qu’il avait voulu dire. Dieu finit par avoir pitié de moi. A force de méditer jour et nuit ces mots : «Le juste vit de la foi » (Ro, 1,17), je commençai à comprendre que la justice de Dieu, ici, est celle par laquelle le juste vit grâce au don de Dieu, c'est-à-dire par la foi.
La phrase de saint Paul signifie que l’évangile révèle une justice de Dieu en nous. Une justice par laquelle Dieu, par pure bonté, nous rend justes moyennant la foi. C’est en ce sens qu’il est dit que « le juste vit de la foi ».
Je me sentis alors véritablement renaître. J’entrais au paradis toutes portes ouvertes. L’Écriture prit alors à mes yeux un tout autre visage.
Autant j’avais pu haïr les mots « justice de Dieu8 », autant je me mis à les aimer. Ce texte de saint Paul devint vraiment pour moi la porte du paradis.
En vérifiant ensuite dans saint Augustin l’interprétation de ce passage de l’épître, je constatais à ma grande surprise qu’il avait compris la "justice de Dieu" de saint Paul exactement dans le même sens que moi9. »
Ce sont les indulgences décrétées successivement par les papes Jules II et Léon X pour la construction de la basilique saint Pierre, qui donnent à Luther l’occasion de rendre publique sa découverte de la justification du pécheur par sa foi seule.

Les indulgences au temps de Luther

A l’origine, c'est-à-dire, au XIe siècle, les indulgences consistaient à remettre les peines temporelles dues au péché.
Sous le pontificat du pape Jules II puis du pape Léon X elles dégénèrent en un véritable commerce pour financer la construction de la basilique saint Pierre de Rome.
Elles apparaissent comme un pouvoir exercé par l’Église pour remettre les peines dues par le pécheur, après sa mort au purgatoire. Elles donnent lieu à de multiples abus. D’après Luther, le dominicain Tetzel qui dirigeait en Allemagne les quêtes lancées par Jules II, usait de cette formule  dans ses sermons : « à peine l’argent a-t-il sonné dans le tronc que l’âme saute hors du purgatoire »


En 1517, Luther publie 95 thèses condamnant vigoureusement ce qu’il appelle le trafic des indulgences10. Parmi celles-ci, en voici quelques unes qui donnent la tonalité de la publication :
« On trompe la masse des fidèles en promettant sans nuances la remise intégrale des peines du péché. (24e)
Ils prêchent des inventions humaines ceux qui prétendent que l’âme s’envole du purgatoire dès que l’argent résonne dans le tronc. (27e)
On fait injure à la Parole de Dieu quand, dans un sermon, on passe autant de temps sur les indulgences que sur Elle. (54e)
Les indulgences sont vraiment peu de choses en comparaison de la grâce et de l’amour de la Croix. (68e) »
Colportées par des étudiants et des moines enthousiastes - parce qu’ils pressentent dans ces thèses les jalons d’une vaste réforme - elles se répandent dans toute l’Allemagne.
Alerté par l’archevêque de Mayence dont dépend Luther, le pape Léon X convoque Luther à Rome en 1518 mais celui-ci, protégé par l’Électeur de Saxe, le prince Frédéric II, et soutenu par des évêques allemands, refuse de s’y rendre.
Irrité par ce refus, Léon X lance contre Luther la bulle Exsurge Domine condamnant les 95 thèses, avec en préambule ces mots :
« Seigneur, lève toi ! Fais triompher ta cause contre les renards féroces qui cherchent à faire détruire ta vigne, contre le sanglier qui la ravage.
Levez-vous, Pierre, Paul et tous les saints, l’Église universelle… »
Non seulement Luther met publiquement le feu à la bulle du pape mais, en 1520, il publie trois ouvrages dans lesquels il présente sa doctrine :
  • Le manifeste à la noblesse chrétienne, où il remet en cause :
    • la distinction entre le clergé et le laïcat,
    • la prétention du pape et de l’Église hiérarchique à être les seuls interprètes autorisés de l’Écriture,
    • le célibat ecclésiastique.
    Il propose en outre aux laïcs de prendre en main la réforme de l’Église que le pape et le clergé ne réalisent pas.
  • La liberté chrétienne, dans lequel il définit l’Église comme une réalité invisible dont seuls font partie ceux qui ont une foi véritable. Il y déclare également que la foi en la Parole de Dieu donne une grande liberté à l’homme par rapport aux lois de l’Église, et que le pape et le clergé n’ont aucune autorité quand celle-ci contredit l’Écriture.
  • La captivité babylonienne11, où il esquisse une doctrine des sacrements. Il n’en retient que deux : le baptême et l’eucharistie. Il précise que seule la Parole de Dieu donne sens aux sacrements et que seule la foi en la Parole de Dieu les rend efficaces.
Après la publication de ces trois ouvrages, l’excommunication de Luther est désormais inévitable. Elle est prononcée par Léon X en 152112.
La même année, il est sommé par l’empereur Charles Quint, de comparaître devant la Diète de Worms où il devra se rétracter, au risque sinon, d’être mis au ban de l’empire et d’être condamné à mort en tant que hors la loi.
Après une nuit de prière dont voici le contenu :
« O, Seigneur, Dieu tout puissant ! Quelle chose c’est donc que le monde ! Comme il force les lèvres des hommes ! Comme leur confiance à Dieu est petite ! Que la chair est faible ! Que le Diable est puissant !
Combien il travaille par ses apôtres et les sages de ce monde ! Le monde marche dans le large chemin où s’en vont les impies, et n’a d’œil que pour ce qui est grand, puissant, magnifique.
Si je regarde de ce côté, c’en est fait de moi ; la cloche est fondue, le jugement est prononcé.
Ah ! Dieu, ô mon Dieu… Tiens-toi près de moi contre la raison et la sagesse de ce monde. Fais-le, fais-le seul ! Tu dois le faire ! Ce n’est point ma cause, c’est la tienne. Qu’est-ce que ma personne ici ? Qu’ai-je à faire, moi, avec ces grands seigneurs du monde ? Que n’ai-je aussi des jours tranquilles, sans trouble ?
C’est ta cause, Seigneur, ta cause juste, éternelle. Soutiens-moi, ô Dieu fidèle, éternel. Je ne m’appuie sur aucun homme ! Tout cela n’est que vanité ; tout ce qui est chair est chair et tombe. O Dieu ! O Dieu n’entends-tu pas ? Mon Dieu, es-tu mort ? Non, tu ne peux pas mourir.
Tu te caches seulement.
Ne m’as-tu pas choisi ? N’est-ce pas que jamais de ma vie je n’aurais pensé m’élever contre de si puissants seigneurs ?
Ah ! Dieu ! Viens à mon aide au nom de ton cher Fils Jésus Christ, ma force, mon bouclier. Fortifie-moi par ton Saint Esprit. Seigneur où te tiens-tu ? Mon Dieu, où es-tu ? Viens, viens, je suis prêt à y laisser ma vie, comme un agneau.
Car cette cause est juste ; c’est la tienne et je ne veux pas me séparer de toi pour l’éternité.
Que cela soit décidé en ton nom ; le monde ne pourra pourtant pas forcer ma conscience, quand même il serait plein de diables. Et si mon corps, ta création, l’ouvrage de tes mains, doit tomber en ruines, mon âme est à toi ; elle t’appartient, elle demeurera éternellement à toi. Amen. O Dieu, soutiens-moi. Amen. »
De nouveau, Luther refuse de se rétracter. Il répond à l’empereur et à la Diète en ces termes :
« Votre Majesté sérénissime et vos Seigneuries m’ont demandé une réponse simple. La voici, sans détour et sans artifice.
A moins qu’on ne me convainque de mon erreur par des attestations de l’Écriture ou par des raisons évidentes - car je ne crois ni au pape ni aux conciles seuls, puisqu’il est évident qu’ils se sont souvent trompés et contredits - je suis lié par les textes de l’Écriture que j’ai cités et ma conscience est captive des Paroles de Dieu, je ne peux et ne veux rien rétracter, car il n’est ni sûr ni honnête d’agir contre sa propre conscience…
Me voici donc en ce jour. Je ne puis faire autrement. Que Dieu me soit en aide. Amen. »
Aussitôt sa condamnation prononcée, le prince de Saxe, Frédéric II, le met à l’abri du bras séculier dans son château-fort de la Wartburg.
Là, Luther se met à travailler avec acharnement à la traduction de la Bible en allemand, en commençant par celle du Nouveau Testament.
C’est là aussi que, dans sa solitude, il avoue connaître la terrible épreuve du doute :
« Je me disais : es-tu donc seul à avoir le sens du droit ? En dehors de toi, le monde entier serait-il dans l’erreur ? Tant de siècles n’auraient-ils progressé que sur la mauvaise route ?
Et si c’est toi qui te trompais, entraînant avec toi les âmes dans la damnation éternelle ? »
De retour à Wittenberg après deux petites années de clandestinité, il s’emploie à combattre certains de ses disciples extrémistes, qui divulguent ses idées d’une façon radicale ou inconsidérée.
C’est ainsi que Luther désavoue Ulrich Zwingli (voir Fiche) et sa doctrine sur les sacrements ainsi que les anabaptistes, mouvement qui ne reconnaît que le baptême des adultes et qui rebaptise ceux qui l’ont reçu enfants13.
Beaucoup plus radical est le combat que mène Luther contre Thomas Münzer (1489-1525), un prêtre qui dirige une véritable révolution sociale en préconisant au nom de l’évangile la communauté des biens entre les chrétiens et en encourageant les paysans à se rebeller contre l’oppression qu’exercent sur eux les seigneurs.
Après avoir demandé aux seigneurs de manifester plus d’humanité à l’égard des paysans et avoir tenté, en vain, d’apaiser ces derniers, Luther, dans des propos d’une violence déconcertante, exhorte les seigneurs à se livrer à une répression impitoyable pour rétablir l’ordre :
« Les paysans se démènent comme des chiens enragés. Les couvents et les châteaux qu’ils pillent ne sont pas à eux.
Allons, à l’œuvre ! Ce mouvement de révolte est un incendie ; et quand un incendie éclate, tous s’associent pour l’éteindre. Tuer un révolté n’est pas commettre un meurtre, mais aider à éteindre l’incendie. N’y allez pas de main morte ! Broyez, égorgez, transpercez ! Tuer un révolté, c’est abattre un chien enragé !
En se couvrant de l’évangile, les paysans commettent le plus horrible des crimes. Ils suivent Satan sous le couvert de la Parole de Dieu et méritent dix fois la mort…
Ces paysans entendent posséder en commun les biens des autres, tout en conservant soigneusement ce qu’ils possèdent eux-mêmes. Je crois qu’il ne reste pas un diable en enfer ; ils sont tous passés dans les corps des paysans…
Nos princes doivent se considérer en la circonstance comme les officiers de la colère divine, et celle-ci ordonne de châtier ces gredins.
Un prince qui ne le ferait pas pécherait gravement contre Dieu ; il faillirait à sa mission.
Il ne s’agit plus de patience, de tolérance, de pitié. C’est l’heure de la colère et du glaive. L’heure de la grâce est passée. Qui succombe en défendant l’autorité tombe pour la cause de Dieu en véritable martyr.
Mais qui passe dans le camp des paysans est voué aux flammes de l’enfer car il tient l’épée contre la Parole de Dieu…
En quel temps vivons-nous où un prince peut gagner le ciel en versant le sang, mieux que d’autres par la prière ?
Allons, chers seigneurs, frappez, transpercez, égorgez à votre gré ! Y trouveriez la mort que vous n’en pourriez rêver de plus céleste, car vous succomberiez en obéissant à Dieu, et en garantissant vos semblables des hordes sataniques14. »
Durant la même période, il s’oppose à l’humaniste Didier Erasme (voir Fiche) qui, dans son ouvrage Sur le libre-arbitre, enseigne que l’homme, malgré le péché originel, garde une certaine liberté et la volonté de faire le bien.
Luther réplique par son traité Le serf-arbitre dans lequel il affirme que l’homme, ayant perdu toute liberté en raison du péché originel, est incapable de participer à son salut. Pour Luther, c’est le Christ qui fait tout ; l’homme n’est que le sujet passif de l’action de Dieu.
En ce qui concerne les juifs, Luther, dans un premier temps, prêche ouvertement une attitude humaine et tolérante à leur égard. Mais déçu de voir que ces derniers ne se rallient pas à sa réforme, Luther, à la fin de sa vie, se laisse aller à des considérations foncièrement antisémites15. En1543, il publie un tract qu’il intitule Des juifs et de leurs mensonges.
A Wittenberg, où il demeure jusqu’à sa mort, Luther se marie en 1525 avec une ancienne religieuse16.
C’est aux étudiants qu’il héberge dans le couvent de Wittenberg déserté par les moines, qu’en 1538, il tient, avec humour, ces propos sur le célibat ecclésiastique :
« A l’époque où je commençai à prêcher l’évangile, je m’interrogeai au sujet de la tyrannie impie du célibat ecclésiastique sans oser trancher la question moi-même.
Je suis allé demander à un canoniste la raison décisive que les décrétales donnent à cette institution17. Pourquoi, lui disais-je, impose t-on une telle tyrannie aux prêtres ? Je ne pensais pas aux moines qui, eux, font vœu de chasteté, mais aux curés de paroisse dont je ne voyais pas comment ils pouvaient organiser leur vie sans être mariés. Mais il ne put rien me dire de certain, si ce n’est que le pape n’oblige personne à devenir prêtre18
C’est également à Wittenberg que Luther modifie profondément la liturgie de la messe:
  • il donne la première place à la Parole de Dieu :
    « Sans cette parole, le sacrement ne serait rien, un corps sans âme, un tonneau sans vin, une bourse vide… cette Parole devrait être dite à haute et intelligible voix, en une langue que tous les auditeurs puissent comprendre, afin qu’elle éveille la foi19. »
    car la messe, dit-il, ne profite pas à un homme qui n’aurait pas la foi.
  • il simplifie la célébration de la messe :
    « Notre messe sera d’autant plus chrétienne, qu’elle ressemblera plus à la première messe que le Christ a célébrée avec ses disciples. Cette messe était aussi simple que possible, sans les vaines pompes de vêtements liturgiques, d’attitudes prescrites, de chants et d’autres cérémonies20. »
  • musicien et compositeur de chants religieux, Luther introduit dans l’Eglise réformée des cantiques, en langue vulgaire, chantés par l’assemblée des fidèles. Sous le nom de chorals, ces cantiques occupent une grande place dans la liturgie protestante.
Pour doter la nouvelle Église d’outils pédagogiques, Luther publie en 1529 deux catéchismes avec questions et réponses : un Grand catéchisme à l’usage des prédicateurs et un Petit catéchisme pour répondre à l’ignorance des gens simples, des enfants et même de certains pasteurs.
Ces catéchismes comprennent quatre parties : Le Décalogue (les Commandements de Dieu), la Foi, le Notre Père et les Sacrements.
Durant les dernières années de sa vie, Luther, profondément affecté par la mort de sa fille Madeleine et souffrant de la gravelle, traverse des périodes de dépression et même d’angoisse.
L’adversaire principal de Luther étant le pape, son dernier ouvrage s’intitule : Contre la papauté21 (1545).
A sa mort, à Eisleben, son village natal, on trouve sur sa table ces quelques mots :
« Nous sommes des mendiants, c’est la vérité. »
_____
1 En Thuringe.
2 Une crainte alimentée en particulier par la liturgie des funérailles qui fait état de la colère de Dieu (Dies irae) au jour du Jugement.
3 D’autant que deux de ses frères sont morts très rapidement de la peste.
4 L’Ordre est né en 1256 d’un regroupement de plusieurs communautés érémitiques. Il a pour règle celle de saint Augustin. En 1298, il est associé par le pape Boniface VIII aux Ordres mendiants.
5 Luther raconte qu’il a pris cette décision lorsque, menacé par un violent orage, il a prié sainte Anne (patronne des mineurs) en disant : "sainte Anne, sauve-moi et je me ferai moine".
6 En Saxe, sur le bord de l’Elbe.
7 Lettre, 1518. Cette découverte de Luther est conforme à la doctrine de l’Église. Son erreur est de l’avoir développée de façon unilatérale, c'est-à-dire, d’avoir affirmé que Dieu fait tout et que l’homme n’est même pas capable de coopérer à son salut. Certes, l’homme, comme l’enseigne Luther, est principalement sauvé par la grâce de Dieu, mais pas sans répondre librement à cette grâce par des paroles et des actes conformes à l’évangile.
8 Parce que Luther, jusque là, prenait l’expression justice de Dieu dans le sens de Dieu qui punit sévèrement les pécheurs.
9 Préface de Luther placée en tête de l’édition de ses œuvres latines, en 1645.
10 Luther aurait placardé ses 95 thèses sur la porte de la chapelle du château de Wittenberg.
11 Car pour lui le vrai chrétien est tenu en captivité par Rome (nouvelle Babylone).
12 Par la bulle Decet romanum pontificem.
13 Les anabaptistes (c’est dire, "sans baptême") rejettent au nom de l’évangile toute autorité (tant celle du pouvoir civil que celle de l’Église) autre que celle du Christ.
14 En 1525, l’armée de Münzer composée de 30 000 paysans est écrasée ; il s’ensuit une horrible répression qui fera des dizaines de milliers de morts. Münzer lui-même sera exécuté.
15 Qui seront utilisées par les nazis.
16 Catherine von Bora dont il aura six enfants.
17 Les décrétales sont des décisions que prend le pape après consultation.
18 Propos de table recueillis par les étudiants qu’héberge Luther.
19 La captivité babylonienne.
20 La captivité babylonienne.
21 Les amis de Luther appellent celui-ci « le pape de Wittenberg ». celui-ci :" le pape de Wittenberg".

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire